La Grotte * ÉPUISÉ
Auteur: Jean-Pierre Dubé
Un roman intrigant! passionnant!... Histoire d’assassinat, d’amours illicites, de mystères refoulés depuis des années... Un roman qui touche à des thèmes actuels : le traumatisme provoqué par l’inceste; l’homosexualité et sa motivation profonde; les ravages de la culpabilité; la jungle de la vie en prison... Pourtant, au-delà de ces motifs d’actualité sociale, c’est l’écriture qui retient le lecteur. Elle a une qualité «durasienne», qualité de grande sensibilité, de grande suggestibilité, de poésie dans la simplicité, d’intensité. Au niveau de l’abstrait, du sentiment, elle transmet une impression vibrante, plus réelle que la réalité.
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RECENSION DE PAUL FRANÇOIS SYLVESTRE POUR jaipourmonlire.ca
Triple meurtre : amant, amour, passion
Natif du Manitoba et journaliste de carrière, Jean-Pierre Dubé a d’abord signé le scénario de deux spectacles musicaux présentés au Cercle Molière de Saint-Boniface. Son premier roman, La Grotte, a paru en 1994 aux Éditions du Blé. C’est pour le moins un texte intrigant qui traite du traumatisme provoqué par l’inceste, de l’homosexualité et des ravages de la culpabilité, tout ça en 128 pages.
Dès le départ, l’auteur sème le doute car la narration au je est tantôt masculine tantôt féminine, parfois les deux dans la même phrase : « Je suis possédée… Je suis déchiré…, Épuisé, soulagée…». La grotte du titre est l’endroit où un jeune homme a été assassiné par un prêtre homosexuel envoyé en prison pour dix ans. Les personnages – jeune homme, petite amie, prêtre, etc. – ne portent pas de nom. La voix narrative prédominante est celle du prêtre défroqué. La grotte, elle, demeure silencieuse, « elle ne signe aucun crime, mais elle n’est pas innocente ». Dubé signe un roman psychologique où un homme ne veut pas de lui : « Je me fais mal d’être qui je suis. » La jeune femme, elle, refuse d’habiter son corps, son âme s’évapore. Le seul lien entre eux est une blessure. L’un et l’autre sont assis « sur la clôture du bien et du mal ». L’homosexualité est abordée presque entre les lignes. Le prêtre a enseigné dans un pensionnat et a été attiré par un de ses élèves. Il avoue cependant avoir eu peur, toute sa vie, d’être près d’un homme, même s’il en a aimé un. L’auteur note, dans un beau jeu de mots, que le sexe est une évasion : « pénétrer, c’est une façon de sortir, de s’en aller dans le passé ou l’avenir, avec l’image des absents collés contre le corps ».Parlant de jeu de mot, Dubé puise dans le décor religieux pour décrire l’attirance entre le prêtre et l’élève : « Il est innocent. Il est là dans ma classe comme une lumière dans mes ténèbres, la solitaire lampe de mon sanctuaire. » Belle trouvaille !Il y a beaucoup de sensibilité, de suggestibilité et d’intensité dans La Grotte. L’éditeur parle d’une écriture qui a une qualité « durasienne ». Jean-Pierre Dubé illustre avec brio qu’en tuant une personne, on peut aussi tuer l’amour en soi et la passion.