Ma maman était usagée
Auteur: Cristina Montescu
On ne lit pas le recueil de nouvelles de Cristina Montescu, Ma maman était usagée sur le pilote automatique, pour utiliser la métaphore de la voiture. Il faut une certaine dose d’abandon à la folie de l’autre ou un certain talent pour l’émotion pure et brutale, la corrosive, la déstabilisante, celle qui érafle et laisse à bout de souffle le personnage principal et le lecteur. Le titre pourrait être Ma maman est usée, fatiguée de porter son ventre plein de plaisirs sans issue, de tristesses sans solution. Elle se sent incomprise de l’homme qu’elle aime, tourmentée par des démons intérieurs et se retrouve sur la ligne de démarcation entre le cauchemar à répétition et l’instinct de survie qui quémande un porteur d’espoir, une fuite vers une autre vérité. Dans ces textes merveilleusement écrits sous la dictée d’un dérèglement obsessionnel, il y a un malaise sous-jacent qui gruge et ronge le « je » de l’auteure, il en fait une femme battue, un homme abandonné, des proies ou des dominateurs inquiétants ; le point de vue n’est jamais innocent. Pendant la montée dramatique, l’ascension vers le déclic, on s’attarde à un détail qui ne saurait mentir, on comprend alors intuitivement que cela va mal tourner… et ça nous plaît.